Adaptation du système de travail de nuit et de week-end

Le travail irrégulier s’accompagne globalement d’une augmentation des risques pour la santé, surtout lorsqu’il est question de travail de nuit. C’est la perturbation permanente du rythme sommeil/veille qui est ici en cause, à laquelle viennent s’ajouter une augmentation du stress psychologique (en raison de l’influence du travail irrégulier sur la vie sociale, par exemple) et, éventuellement, une détérioration des habitudes de vie (irrégularité des heures de repas). C’est pourquoi l’on cherchera, en principe, à réduire au minimum le nombre d’heures de travail prestées la nuit. L’on estime qu’un peu moins de 20 % des travailleurs du secteur chimique effectuent 3 à 10 pauses de nuit par mois. Afin de diminuer les risques sanitaires et sociaux, la littérature conseille souvent de limiter (à 3 ou 4) le nombre de pauses de nuit consécutives et de prévoir des périodes de repos suffisantes après une ou plusieurs de ces pauses.

Le travail de week-end a, lui aussi, des répercussions sur la famille et, plus largement, sur la vie sociale. Les travailleurs ont souvent une préférence pour les blocs consécutifs d’un même type de travail. Ainsi, ils préféreront travailler un week-end complet plutôt qu’un seul jour – bien qu’il existe, à l’évidence, des différences individuelles sur ce point. Aussi la littérature conseille-t-elle d’accorder aux travailleurs un maximum de temps libre en week-end et les soirs de semaine, afin d’éviter de perturber la vie sociale et familiale. Par ailleurs, il convient de porter une attention particulière à la vitesse et au sens de rotation. La littérature note que la rotation « avant » est meilleure pour la santé que la rotation « arrière ». Quant à la vitesse de rotation, elle sera de préférence élevée. Un horaire à rotation rapide (par ex. rotation tous les 3 jours) sera, en effet, plus sain qu’un horaire à rotation hebdomadaire.

Les travailleurs âgés, surtout, semblent moins bien tolérer les horaires irréguliers, notamment dans un contexte de travail de nuit. Il conviendra, dans le cadre d’une politique de gestion des âges, de conclure avec ces travailleurs des accords spécifiques sur le sujet.

Le producteur de résines et polyesters pour applications industrielles Sumitomo Bakelite Europe a été amené à modifier son système de travail en équipes, après avoir constaté le taux d’absentéisme élevé parmi les travailleurs âgés évoluant dans le régime posté continu. Pour ces personnes, le régime de travail était devenu intenable. L’entreprise a donc décidé de retirer les tâches logistiques aux équipes travaillant en continu et de les confier à des travailleurs de préférence âgés au sein d’un système sans travail de nuit. Le cadre a été défini en concertation avec la délégation syndicale, le conseil d’entreprise et le CPPT. Les nouvelles classifications et descriptions de fonctions ont ensuite été intégrées dans la grille de classification des salaires existante. Cette modification de l’organisation du travail a induit une baisse du taux d’absentéisme et une hausse du niveau de satisfaction des travailleurs concernés. (Source : © http://www.essenscia.be/fr/Document/Download/12167)

Notons que, dans le cadre d’une politique de gestion des âges, l’on pourra aussi recourir à d’autres systèmes, combinant des régimes de jour avec des régimes postés pour faire face, par exemple, à des périodes de pic de travail.

 

Sources :

  • Bourdeaud’hui, R. & Vanderhaeghe, S. (2014). Sectorprofiel werkbaar werk in de chemische industrie 2004-2013. Werkbaarheidsprofiel op basis van de Vlaamse Werkbaarheidsmonitor. Werknemers 2004-2013. Bruxelles : Fondation Innovation & Travail. 
  • de Looze, M., Blok, M., Goudswaard, A., & van der Klink, J. (2012). Ouderen en onregelmatige werktijden–een literatuurstudie. Tijdschrift voor Arbeidsvraagstukken, 28 (4), 491-501.
  • De klok rond … Gezondheid en sociaal leven in ploegenarbeid. http://www.serv.be/uitgaven/453.pdf
  • Travailler plus longtemps, c’est possible. http://www.essenscia.be/fr/Document/Download/12166
  • Verbiest, S., Goudswaard, A., Kooij-de Bode, H., Looze, M. de, Bosch, T., & Blok, M. (2013). Gezond, gezonder, gezondst? Wat zijn gezonde roosters? Tijdschrift Voor HRM, 3, 16, 63-77. Récupéré sur http://publications.tno.nl/publication/34617149/F7eNnQ/verbiest-2013-gezond.pdf